Avec l’arrivée du printemps, offrez-vous des bains de forêts en marchant, en méditant ou lors d’un pique-nique à l’ombre de grands arbres… Cette pause boostera votre immunité, diminuera votre pression artérielle, ralentira votre fréquence cardiaque, baissera votre taux de cortisol et d’adrénaline… Elle agira aussi directement sur votre santé mentale. Après un premier volet sur les bienfaits physiologiques des bains de forêts, voici notre deuxième volet. Celui-ci est consacré aux bienfaits psycho émotionnels que les arbres nous procurent.
Que représente la forêt pour l’espèce humaine ?
La forêt représente là d’où nous venons. Depuis Cro-Magnon l’espèce humaine a passé 99 % de son histoire dans la forêt qui est son environnement naturel. Mais nous avons oublié cette évidence depuis la révolution industrielle et même bien avant : notre amnésie a commencé dès que l’homme s’est mis à couper les bois pour étendre ses terres agricoles et pour se chauffer. Cet environnement naturel constitué de forêts, taillis et landes dans lequel nous avons baigné durant des milliers d’années, a très probablement impacté notre système nerveux, structuré en deux parties : le système nerveux sympathique destiné à nous faire affronter les situations de stress ; et le système nerveux parasympathique qui gère toutes les fonctions métaboliques de base (respiration, circulation sanguine…) lorsque le corps et l’esprit sont au repos.
Pourquoi sommes-nous inadaptés à notre milieu actuel ?
Hormis les périodes d’agressions extérieures, pendant des siècles, l’homme a vécu dans un état « dominé par le système nerveux parasympathique, où nos capacités d’auto-guérison sont pleinement mobilisées, explique Amos Clifford, fondateur et directeur de l’AFNT * dans son livre Le guide des bains de forêt (Édition Trédaniel). A contrario aujourd’hui notre cerveau fonctionne surtout sur le mode sympathique : « à l’époque industrialisée actuelle, poursuit Amos Clifford, le stress est endémique. Chaque jour nous nageons dans un bouillon toxique de poisons environnementaux, d’informations diffusées vingt-quatre heures sur vingt-quatre (…). Séparée des forêts que notre ADN identifie pourtant comme son environnement naturel, déconnectée de la terre, notre espèce vit dans des conditions dont la lente horloge de l’évolution ne peut pas suivre le rythme. Nous n’avons pas eu le temps de nous adapter au monde stressé que nous avons créé en un siècle ! »
Philippe Dasmien, sylvothérapeute dans le Loir et Cher, ex-directeur commercial d’une grande enseigne, témoigne : « Après des années en entreprises, j’ai traversé une grosse dépression qui m’a mené à 18 mois d’arrêt maladie. Très affecté par celle-ci, j’ai pourtant troqué mes antidépresseurs contre des marches quotidiennes en forêt. À raison de 10 à 15 km par jour pendant plus de six mois. Je n’avais rien d’autre à faire. Par instinct je touchais les arbres, m’appuyais à leur tronc, malaxais la terre… Et chaque jour je me sentais aller un peu mieux. Sans le savoir, j’exerçais la sylvothérapie pour ma propre santé mentale ». Aujourd’hui Philippe Dasmien en a fait son métier. Il s’occupe des autres et leur proposant des bains de forêt : « En méditant dans la forêt, les personnes se reconnectent à la nature, remettent leurs sens en action, reviennent à leurs racines. Elles s’apaisent et leur état s’améliore ».
Comment la forêt change-t-elle notre regard ?
Au contact des couleurs, des odeurs et des sons de la forêt, nous réapprenons à nous reconnecter à tout ce qui est vivant et dont nous sommes coupés au quotidien. Cette prise de conscience de l’universalité du vivant auquel nous appartenons, nous permet de nous relier enfin et différemment à la planète Terre que nous partageons avec l’ensemble des autres espèces. Selon M. Amos Clifford, « quand on écarte ses œillères, la vision que l’on a du monde et de la place que nous y tenons, se modifie. Cette nouvelle perspective nous rend capable d’entretenir des relations pleines de sens et de solidarité ». Et cette nouvelle façon de regarder le monde semble apporter une joie réelle.
Pourquoi nos humeurs se métamorphosent-elles au pied des arbres ?
Lorsque nous sommes assis au pied d’un arbre, nos humeurs se métamorphosent. Nos peines et nos colères se dissolvent comme absorbées. Tous ceux qui se sont posé près d’un arbre, ont expérimenté ce fait, a priori inexplicable. Patrice Bouchardon est auteur du best-seller L’énergie des arbres (Le Courrier du Livre, 2010) et organisateur de stages en forêt depuis plus de 30 ans. Selon lui, chaque arbre possède autour de lui un champ énergétique et est porteur d’une qualité. Ainsi le bouleau est-il porteur de la douceur, le pin de la fluidité… En s’en approchant, on entre dans le champ énergétique de l’arbre. On perçoit aisément sa puissance en plaçant ses mains à quelques centimètres du tronc. On peut aussi expérimenter des émotions qui remontent des profondeurs.
Entrer en résonnance pour soigner ses blessures
« Lorsque vous êtes guidé par la douceur présente dans le corps énergétique du bouleau, vous découvrirez cette qualité à l’intérieur de vous. Si vous vous laissez bien aller, l’expérience prendra une dimension que vous ne soupçonniez pas, explique Patrice Bouchardon. Que se passe-t-il alors ? « Lorsque je m’adosse à un bouleau ou un sapin, il n’y a pas de transfert de ces qualités, la douceur ou la fluidité ne se transvasent pas. Il se produit en fait une mise en résonance (…) Je n’absorbe rien. Lorsque je suis au pied d’un arbre, celui-ci agit comme un activateur des qualités qui m’habitent. Il fait augmenter la douceur que je connais, rend mes sensations et mes pensées plus fluides ». Ainsi poursuit le spécialiste, au contact des arbres on peut soigner nombre de blessures personnelles. Et développer la confiance en soi, cultiver l’ouverture à soi et au monde.
Autant de vertus que résume M. Amos Clifford : « La nature est un excellent médecin ! » nous rappelle-t-il. Il est sans doute temps de s’en rappeler.
* ANFT Association des guides de programmes d écothérapie et de sylvothérapie