Mais à quoi sert notre microbiote digestif ?
Commençons par un petit rappel : le microbiote c’est l’ensemble des bactéries, virus, champignons et levures, vivant dans un milieu déterminé. Nous possédons donc plusieurs microbiotes : bucal, pulmonaire, cutané, digestif et vaginal. Celui qui nous intéresse particulièrement aujourd’hui est notre microbiote digestif.
De quoi est-il composé ?
Notre microbiote recèle une mine d’organismes vivants soit plus de 100 000 milliards de bactéries, champignons, levures et autres virus… Au total entre 500 et 1300 espèces de bactéries, réparties en une vingtaine de grandes familles pour un poids avoisinant les 2 kg ! « 1/3 sont des espèces communes à tous, explique le Pr Jean-Marc Sabaté dans intestin irritable, équilibrez votre microbiote, faites la paix avec votre côlon ( Ed. Larousse), 2/3 sont spécifiques ».
Et plus ce microbiote est riche et diversifié, plus il nous protège ! Autre particularité, plus on descend dans le tube digestif, plus les bactéries sont nombreuses. Le nombre maximal se situant dans le colon droit.
Car selon les organes qui l’abritent, le microbiote n’a pas la même composition car le PH du milieu diffère. Ainsi dans estomac, milieu acide avec oxygène, les bactéries sont peu diversifiées (elles n’aiment pas l’acidité). Dans l’intestin grêle (duodenum, jéjunum et iléon) qui détient un PH moins acide avec peu d’oxygène, les bactéries sont plus nombreuses. Mais c’est dans le colon, sans oxygène et d’un PH neutre que les bactéries pullulent et produisent des acides gras à chaînes courtes, nourriture de prédilection des cellules du colon.
Quand se forme notre microbiote ?
Le fœtus dés 3 mois commence à développer un microbiote qui dépend largement de celui de sa mère. Puis aux premières heures de la vie lors du passage par le vagin, le bébé est littéralement ensemencé par le microbiote vaginal maternel. De la peau du bébé, les bactéries passeront dans le sang puis dans ses propres intestins. La colonisation se fera progressivement tout au long de la petite enfance. On estime qu’entre 4 ans et 7 ans, l’enfant a un microbiote stable. En fait tout cela est très théorique comme nous allons le voir car de multiples facteurs interfèrent et modifient notre microbiote tout au long de notre vie.
Quel est le rôle de notre microbiote ?
Notre microbiote est un organe à part entière, relié au cerveau par le nerf vague, lui-même comparable à une sorte d’autoroute à neurones fonctionnant bien sûr dans les deux sens. Parmi ses fonctions, citons les principales :
– Notre microbiote assure un rôle métabolique car il est le siège de la fermentation des aliments non digestibles ; de l’absorption des nutriments (sur une surface de près de 250 mètres carrés !) ; de la synthèse d’éléments tels que les acides gras à chaînes courtes, les vitamines K, B12, B8, ainsi que de 90 % de la sérotonine produite par notre corps !
– Un rôle de barrière en tant que véritable bouclier contre les toxines grâce à l’étanchéité de la paroi intestinale. Mais celle-ci est souvent mise à mal par le stress, la mal bouffe, la pollution et finit par ne plus être étanche. On parle alors de porosité intestinale.
– Un rôle de défense car notre microbiote abrite 80 % de notre système immunitaire, notamment notre immunité non spécifique, celle qui travaille sans relâche.
– Un rôle de maintenance puisqu’il produit le mucus qui protège nos parois intestinales et qui entretient celles-ci, en leur fournissant l’alimentation adéquate.
De quoi dépend notre microbiote ?
S’il est stable entre 5 à 7 ans, notre microbiote évolue sans cesse et dès le départ nous ne sommes pas égaux pour avoir un bon microbiote. Selon que l’on naît par voie basse ou par césarienne, vous l’aurez compris, l’ensemencement n’est pas du tout le même ! Idem si l’enfant est allaité (le lait maternel est très riche en probiotiques c’est à dire en bactéries) ou nourri au lait maternisé.
Plus tard, le microbiote varie selon l’alimentation, le stress, les pollutions, la mal bouffe, le sucre (délétère pour nos bonnes bactéries, formidable pour des champignons invasifs comme candida albicans…). Les médicaments, la consommation d’alcool, de tabac impactent aussi son équilibre. De même les infections virales, bactériennes, fongiques…
Des recherches menées sur un peuple d’Amazonie jamais mis au contact des antibiotique a permis de révéler qu’il possédait l’un des microbiotes le plus diversifié du monde ! Cherchez l’erreur…
Un microbiote ça s’entretient !
Vous l’aurez compris, un microbiote ça s’entretient.
Actuellement 6 millions de Français souffrent de douleurs chroniques appelés aussi Syndrome du l’intestin irritable, SII.
Voici mes principales recommandations pour entretenir et améliorer l’état de votre microbiote :
– une alimentation hypo-toxique et anti-acide (privilégier les aliments alcalins),
– la consommation d’amidons résistants (aliments riches en amidon très bénéfique pour la santé du colon, (châtaignes, patates douces, bananes vertes…) ainsi que de « super aliments » comme la levure de bière, le germe de blé, la spiruline, les légumes lacto-fermentés…
La pratique d’une activité physique très régulière et minimum 2 fois par semaine.
– La suppression des aliments inflammatoires (sucre raffiné, viandes rouges, produits laitiers, céréales raffinées…)
– Enfin la mise en place régulière de cure de probiotiques après avoir nettoyé puis nourris les par des prébiotiques.
Caroline Tancrède