L’un des effets avérés du confinement pour la plupart d’entre nous, est la prise de poids qui rend la question du jeûne plus que jamais d’actualité. Face à l’immobilisation forcée et à une alimentation inadéquate, le jeûne apparaît comme une réponse possible pour stopper l’engrenage des surcharges et l’accumulation des toxines. Voici les réponses pour ceux frileux, septiques ou juste curieux, qui veulent en savoir davantage sur le jeûne.
Quels sont les bienfaits du jeûne ?
Les bienfaits du jeûne sont multiples.
Hormis la perte des surcharges graisseuses (voir plus bas) il agit en profondeur sur les inflammations chroniques. Le sang lui est comme « écrémé ». Voici les principaux bienfaits :
– Mise au repos des organes digestifs.
– Rétablissement de l’équilibre de la flore intestinale (renforcement du système immunitaire).
– Arrêt de l’auto-intoxication en provenance de l’intestin.
– Diminution des inflammations et des allergies par arrêt de l’ingestion d’antigènes alimentaires (source d’allergies) et de substances pro inflammatoires.
– Normalisation du taux de sucre, d’insuline et de lipides.
– Élimination des toxines des tissus
– Élimination de l’excès de sel.
– Soulagement des douleurs articulaires et musculaires dues à la désacidification du terrain.
– Diminution des addictions (notamment tabac).
Sur quel mécanisme repose le jeûne ?
La pratique du jeûne repose sur des mécanismes instinctivement utilisés par l’humanité et le vivant depuis des millénaires ! « Les cellules de notre corps fonctionnent comme des voitures hybrides, explique le Dr Françoise Toledo de Wilhelmi (1) : elles peuvent brûler indifféremment soit les composants d’un repas soit la graisse stockée dans nos tissus adipeux (…). Comment aurait-on survécu aux disettes et aux hivers sans cette capacité ? Le jeûne, ce programme dont personne ne m’a parlé durant ma formation de médecin, a des effets thérapeutiques exceptionnels aujourd’hui documentés par la science. »
Est-ce que le jeûne peut être pour moi ?
Le jeûne est un grand nettoyage ! Il s’adresse aux personnes en bonne santé ayant un indice de masse corporelle, situé entre 18,5 et 25, sans traitement médicamenteux.
Il existe de nombreuses formes de jeûne selon les besoins de chacun : Jeûne intermittent de 16 ou 24 heures, jeûne de 3, 5 ou 7 jours… À chacun son choix. Dès l’apparition d’un petit bobo, type migraines, rhume, douleurs diverses, il suffit d’une simple diète de 16 ou 24 heures pour constater combien l’organisme se répare vite. Et tout seul, selon le sacro-saint principe appelé en naturopathie, la force d’auto-guérison. Les animaux ne font pas autre chose. C’est une question de bon sens !
Quels sont les risques ?
En France le jeûne ne s’adresse qu’aux personnes en bonne santé. Il s’agit d’un jeûne bien-être qui toutefois doit être encadré par des professionnels (par exemple dans notre centre Détox en Sologne) dès lors qu’il dépasse 3 jours. Le 3eme jour de jeûne s’accompagne souvent de nausées, maux de tête, douleurs lombaires… qui correspondent à l’élimination de toutes nos toxines (d’où l’importance d’être encadré). C’est la crise curative. Plus elle est forte, plus c’est le signe que le corps intoxiqué se débarrasse de ses toxines accumulées dans les tissus adipeux ! Mais au 4 ème jour, le bien-être ressenti est réel.
Ailleurs en Europe, le jeûne thérapeutique est autorisé. Des gens malades jeûnent encadrés par des équipes de médecins. En 2019, la publication d’une vaste étude (2) rassemblant des données sur 1422 jeûneurs suivis dans les cliniques Buchinger de Suisse et d’Espagne (cliniques médicalisées qui accompagnent le jeûne thérapeutique) a montré les bienfaits de ce jeûne pour 84 % des patients.
Y a-t-il des contre-indications ?
Pour le jeûne bien-être pratiqué en France, les contre-indications ont été rédigées par un groupe de 20 experts se basant sur leurs expériences et des résultats scientifiques : grossesse et allaitements, prise de médicaments, problème cardiaque, troubles du comportement alimentaire, insuffisance hépatique ou rénale, diabète de type 1, addictions (alcool et drogue), anorexie, ulcère d’estomac ou duodénum, décollement de rétine, maladies tumorales, cancer, hyperthyroïdie décompensée.
Est-ce que vraiment on ne mange rien ?
Le jeûne tel qu’il est pratiqué en France et dans la plupart des pays européens repose sur la méthode du Dr allemand Otto Buchinger : il s’agit d’un jeûne hydrique (eau filtrée à volonté et même très recommandée), agrémenté le matin d’un jus de fruits centrifugés et le soir d’un bouillon de légumes (sans les légumes évidemment). Soit 250 cal / jour. Si le jeûne fait perdre du poids, signale le Pr Michel Lejoyeux auteur de La médecine du bon sens (Ed. JC Lattès), ce n’est pas seulement parce qu’il réactive une expérience de la préhistoire. Il fait aussi monter les taux de ghréline, l’hormone de la satiété. La ghréline produit une impression de faim quand elle baisse. La ghréline haute envoie un signal de non-faim au cerveau que l’on ait mangé ou jeûné ».
Vais-je perdre du poids ?
Oui la perte de poids est inéluctable. En période de jeûne, le corps a besoin de brûler de 300 à 400 g de graisse par jour pour assurer son métabolisme de base. À titre indicatif, une femme de 65 kg et d’1 m 74 dispose de 34 % de réserves de graisse, soit 22 kg ! Selon le Dr Françoise Toledo de Wilhelmi(1), un individu de 1,70 m et 70 kg possède 40 jours de réserve de graisse sans manger. Selon les différentes étapes qu’il accomplit pour puiser dans ses réserves, décrites plus haut, en 40 jours, précise une étude (1), le corps brûle 10 kg de graisses, 3 kg de protéines disponibles et 0,750 g de d’hydrate de carbone glycogène. Les femmes perdent en moyenne de 200 à 500 g de poids par jour selon le Dr Françoise Toledo de Wilhelmi. Nos ancêtres Cro Magnon ne faisaient rien d’autre au fil des saisons que de stocker en été, pour brûler en hiver lorsque la nourriture se faisait rare.
Ma masse musculaire va-t-elle fondre ?
La masse musculaire fond très peu car le jeûne pratiqué en France selon la méthode Buchinger repose sur le mouvement. Jeûner tout en maintenant une activité physique modérée mais régulière telle que la marche, permet de maintenir ses muscles en l’état. Sollicité chaque jour, le système musculaire ne va perdre que sa réserve de sucre (le glycogène qu’il stocke en temps normal). N’oublions pas que l’énergie provient surtout des réserves de graisses
À l’inverse le jeûne renforce les performances sportives. Il dissout les acides (surtout lactique) produits lors de l’effort et stockés dans le système ostéomusculaire. En régénérant la paroi intestinale, il permet à la reprise, une meilleure absorption des vitamines, des oligo-éléments et des minéraux qui viendront conforter les performances sportives et reminéraliser le sportif souvent en carence.
Comment vais-je garder de l’énergie sans manger ?
Oui on garde une belle énergie sans manger car le corps est une merveilleuse machine ! Il s’adapte en plusieurs étapes : 1er jour, il consomme le sucre circulant dans le sang ainsi que les 500 g de celui-ci, stockés sous forme de glycogène dans le foie (25 %) et les muscles (75 %). Cette transformation assurée par le foie s’appelle la glycogénolyse. Et permet d’acheminer jusqu’aux mitochondries (les « centrales énergétiques » de nos cellules), le combustible nécessaire.
Le 2eme jour, en absence de glucose circulant, le foie transforme cette fois les protéines usées (cellules mortes, protéines glyquées…) en glucose toujours par une opération appelée néoglucogenèse.
À partir du 3 eme jour, le corps puise dans ses réserves adipeuses des triglycérides que le foie va transformer en glycérol puis en glucose (pour une petite partie d’entre eux) et en acides gras puis en corps cétoniques pour la grande majorité d’entre eux. Cette opération effectuée encore par le foie, s’appelle la cétose. Elle est tout simplement remarquable. Comme les manchots empereurs qui jeûnent plus de 120 jours par an, notre organisme s’adapte en nettoyant le corps de ces excès. Le gras devient sa nourriture !
Ne vais-je pas reprendre tous mes kilos dès le retour à une alimentation normale ?
Le jeûne est l’occasion de reprendre une bonne hygiène de vie. Si l’on respecte les préconisations données dans tous les centres de jeûne, la remontée alimentaire ne présente aucun problème. Comme toute restriction alimentaire, le jeûne nécessite le respect d’une reprise progressive. Mais c’est facile : le système digestif s’est mis au repos et on s’est déshabitué de ses addictions (sucre, sel et gras).« Il est très facile de mettre en place de nouvelles habitudes (…), rassure Nathalie Sacreste, auteur de Mon premier jeûne en pratique (Ed. Leduc.s). Vous reprendrez ainsi quelques kilos (d’une part constitués du volume du bol alimentaire, d’autre part par du muscle) mais vous ne retrouverez pas vos petits capitons ». Seule condition, faire la part belle aux légumes et aux fruits (80 %) et aux protéines végétales et animales (20 %). Mettre en place une pratique sportive régulière et un équilibre émotionnel est aussi essentiel pour stabiliser le poids atteint.
À noter : Durant le jeune, l’absence d’apport extérieur en sel stimule la production d’aldostérone par nos corticosurrénales afin de maintenir le bon taux de minéraux dans l’organisme. Du coup après le jeûne, le temps d’éliminer cette hormone en excès, il faut veiller à une alimentation sans sel pendant au moins une semaine.
- Auteur de L’art de jeûner, Jouvence éditions, directrice médicale des cliniques Buchinger.
(2)ahill G. (1976) “Starvation in man” Clinical endocrinols 5: 397-415